Baruch SPINOZA (Amsterdam, 1632 - La Haye, 1677)
Le 2 janvier 1492, la reddition de Boabdil met fin au royaume musulman de Grenade par une victoire éclatante des Rois catholiques. C’est la fin de ce qu’on appelle la Reconquista c’est-à-dire la reprise du territoire aux occupants nord-africains. L’Espagne est à l’apogée de sa gloire car la même année Christophe Colomb découvre l’Amérique pour le compte du roi Ferdinand. A peine l’unité du territoire formée grâce au mariage de Ferdinand II d'Aragon et Isabelle 1ère de Castille, les souverains ordonnent l’expulsion de tous les juifs d’Espagne. A l’unité du territoire devait correspondre une unité religieuse. L’Inquisition se chargera de pourchasser tous les récalcitrants. C’est ainsi que 160.000 juifs iront chercher refuge en Afrique du Nord ou au Portugal. Très vite, le Portugal imita les Espagnols. Et de nombreux juifs immigrèrent vers des pays prospères et plus libres comme l’Italie et la Turquie. A la fin du XVIe siècle, les pays du Nord dominaient l'économie de l'Europe. Ils attirèrent de nombreux commerçants et financiers. C’est à se moment que se forma une grande communauté espagnole et portugaise à Amsterdam, Hambourg, Londres, etc. C’est ainsi qu’à travers les siècles, la famille de Spinoza quitta son Portugal natal pour arriver à Amsterdam. Baruch Spinoza naît en 1632 dans un pays qui ne s’appelle pas encore la Hollande mais les Provinces-Unies (Hollande, Zélande, Overijssel, Frise, Groningue, Gueldre, Utrecht). Ironie de l’histoire, ces territoires sont sous domination espagnole. Un mouvement de libération national est conduit sous l’autorité de Guillaume d’Orange II qui parvient à ses fins en 1648. Le Traité de Westphalie oblige l’Espagne à reconnaître les Provinces-Unies et leur indépendance du Saint-Empire. Ce nouveau statut va permettre à ces « Pays-Bas » de poser les bases d’une toute nouvelle politique. La tolérance religieuse y est plutôt importante, la science y est encouragée et les librairies fleurissent. De nombreux esprits s’y installent (notamment René Descartes). Le problème est que toutes les provinces ne sont pas d’égale richesse. La Hollande est sans doute la plus puissante. Mais dans l'ensemble se côtoient les plus grandes prospérités avec une très grande pauvreté. La mort de Guillaume II va attiser les passions. Deux partis s’opposent. D’un côté les orangistes, riches, propriétaires terriens, alliés de l’armée. Ils sont essentiellement calvinistes et souhaitent un Etat centralisé pour imposer leur politique. De l’autre côté se trouvent les républicains. Ce sont des bourgeois provincialistes qui prônent une liberté de foi religieuse. En 1653, Jan de Witt (dont la famille protégera très souvent Spinoza) accède au pouvoir et instaurera une République. Ses débuts sont prometteurs. Sa gestion des affaires permet une certaine prospérité et il arrive à sortir la pays d’une crise difficile avec l’Angleterre en concluant une traité avec Cromwell en 1654. Cette situation ne durera pas. Les guerres pour la domination économique entre Etats (contre l’Angleterre, l’Espagne, La France) font rage et la prospérité intérieure devient fragile. Les autorités religieuses calvinistes en profitent pour gagner du pouvoir et de l’influence auprès du peuple. Spinoza dénonce ce rôle des Eglises dans le Traité théologico-politique. En 1670 la République est plus que menacée. La crise est trop importante et les orangistes, par le biais des prêtres calvinistes, ont repris un pouvoir très important à tous les niveaux de la société. L’arrogance des religieux et des monarchistes dans les écrits et aux parlements en témoigne. En 1672, c’est la fin. Les républicains ne parviennent pas à empêcher l’intrusion des armées françaises dans les Provinces-Unies. Les royalistes en profitent pour reprendre le pouvoir sous l’autorité de Guillaume d’Orange III appuyé par un soulèvement massif de la population de La Haye. Jan de Witt démissionne et sera assassiné ainsi que son frère, victimes de la vindicte des royalistes. Spinoza apprend cette nouvelle avec déchirement. Alors que dans le Traité théologico-politique il n’excluait pas une monarchie libérale, dans son ouvrage à venir, le Traité politique, il perd tout espoir de la part de ce régime. Lui-même mourra de maladie deux ans plus tard alors qu’il se consacrait au chapitre sur la démocratie.
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Dernière modification le : 08/09/2012 @ 08:53
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