Méthode pour l'explication de textes de philosophie en séries générales
- Ce qui est demandé : “Expliquez le texte suivant. La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.”
- Avant tout chose... Commencez par lire attentivement, et plusieurs fois, le texte : c’est essentiel. Puis, soulignez les mots qui vous paraissent importants. Repérez le thème, puis la thèse, puis les parties du texte, et enfin commencez à réfléchir à l'énoncé du problème (ce n'est pas évident, car le problème n'est presque jamais énoncé tel quel dans le texte). Vous pouvez ensuite noter au brouillon les différents enjeux, les aspects qui vont se prêter à une discussion, les références que vous souhaitez utiliser en fonction de vos connaissances...
L'INTRODUCTION (en 3 temps)
1) On commence par énoncer le thème du texte (de quoi il est question : un mot ou un groupe de mots). On énonce ensuite la thèse du texte (ce qu'en dit l'auteur : une proposition ou une phrase), que l'on aura découvert vraisemblablement au début ou tout à la fin du texte (mais pas toujours) : soit l'auteur l'énonce avant de la démontrer, soit il argumente d'abord et énonce la thèse en guise de conclusion. De toute façon, il s'agit de la phrase qui vous paraît la plus importante du texte. Mais il peut aussi bien être nécessaire de regrouper deux phrases du texte pour obtenir la thèse, si elle est complexe.
2) On énonce ensuite le problème implicite dont il est question dans le texte, et auquel la thèse répond explicitement. Demandez-vous toujours : quel problème s'est posé l'auteur, quelle difficulté voulait-il résoudre, ou encore à quelle discussion voulait-il se mêler lorsqu'il écrivit ce texte ?
Attention : il ne suffit pas, pour trouver le problème, d'énoncer la thèse sous une forme interrogative. Par exemple, si la thèse du texte est que "Une révolte contre l'État est parfois justifiée", le problème n'est pas simplement : "Peut-on justifier une révolte contre l'État ?", mais quelque chose de plus complexe (après réflexion et recherche) comme : "Est-il toujours contradictoire de se révolter contre l'État de droit, au risque de causer sa ruine, ou bien au contraire certains événements (injustice, tyrannie, guerre) nous contraignent-il parfois à remettre en cause, provisoirement, l'autorité de l'État ?" Dans le développement, il faudra alors réfléchir en profondeur sur la nature de l'État et sur la définition de la Justice, puis déplier l'alternative contenue dans l'énoncé du problème, en l'occurrence confronter la thèse du texte avec la thèse opposée.
3) On énonce le plan du développement qui est aussi le plan du texte. On n'hésite pas à signaler les limites, dans le texte, de ces parties (de telle ligne à telle ligne, etc.). Il s’agit de repérer les principales phases de l’argumentation : elles correspondent parfois aux paragraphes du texte, lorsqu'il y en a, mais pas toujours.
Combien de parties ? Les textes à étudier étant relativement cours, vous n'aurez pratiquement jamais d'explication au-delà de 2 ou 3 parties.
LE DÉVELOPPEMENT
Faire deux ou trois parties, comme on vient de le dire. Dans les parties, on veillera également à distinguer des paragraphes. Il va de soi qu’il y aura autant de parties dans le développement qu’il y en a dans le texte. Il faut caler l’explication sur la structure que vous avez définie.
1) CITER modérément le texte : n'hésitez pas à reproduire des propositions, sans pour autant reprendre l’ensemble du texte. Citez ce qui vous parait essentiel.
2) EXPLIQUER, ce qui signifie : approfondir et clarifier.
Trois niveaux d'explication se présentent, qu'il faut parcourir quasi simultanément :
- Analyser les concepts qui sont utilisés par l'auteur. Il s'agit de savoir de quoi l'on parle, lorsqu'un auteur emploie, par exemple, le mot "désir".
- Expliquer les arguments du texte, c'est-à-dire les propositions ou les phrases. C'est le coeur de l'explication : il ne faut pas se contenter de citer le texte, il faut développer ce qu'affirme l'auteur, en vous basant bien entendu sur vos connaissances (cours, textes lus, etc.) et pas seulement sur votre compréhension immédiate du texte. Le piège de toute explication, à ce niveau, est le contre-sens (contradiction avec le texte), ou le faux-sens (inexactitude). Si votre erreur porte sur la nature même du problème, c'est un "hors sujet ".
- Dégagez et expliquer la structure (le plan, les articulations) du texte, pour comprendre et rendre compte de sa construction. Les arguments s'enchaînent sous la forme d'un raisonnement : ayez toujours soin de rappeler cette "logique" du texte, car elle débouche sur l'énoncé de la thèse. Cet aspect du travail se matérialise notamment dans les transitions entre les parties de votre devoir.
3) DISCUTER enfin les arguments et la thèse du texte. En effet, il ne suffit pas d'expliquer de façon objective et neutre. Comme tout problème philosophique, celui du texte se prête à discussion. D'ailleurs, un texte philosophique a pour vocation de défendre une thèse... contre d'éventuelles critiques, et il le fait en critiquant implicitement d'autres thèses. En soulevant le problème, vous ne pouvez pas faire autrement que de rendre compte également des différents points de vue qu'il suscite. Après avoir expliqué un aspect du texte, vous pouvez donc, et même vous devez chercher les points sur lesquels on peut discuter. Cela ne sera possible que si une alternative à la thèse, ou à tel argument secondaire, est présente à votre esprit. Pour vous le but n'est pas de "critiquer" l'auteur, et encore moins de lancer : "personnellement je ne suis pas d'accord avec l'auteur" ; ce que vous devez faire, c'est rendre compte des arguments opposés, soit pour les réfuter au bénéfice de la thèse du texte, soit pour relativiser celle-ci. Restez mesuré en toutes circonstances.
Attention : L'explication et la discussion ne doivent pas être séparées en deux parties. Il n’y a pas 1) l’explication et 2) la discussion. L’un se fait en même temps que l’autre. Il faut expliquer et discuter simultanément, de manière dynamique.
LA CONCLUSION
1) Faites le bilan de votre commentaire, en insistant une dernière fois sur l'intérêt principal du texte. Ne vous répétez pas pour autant : trouvez des formules nouvelles et synthétiques.
2) Soulignez les difficultés (reprise de votre travail critique).
3) Formulez clairement et définitivement votre réponse (ou votre impossibilité de répondre) aux questions soulevées par l'examen critique.
Attention : Une conclusion ne doit comporter aucun élément nouveau, aucune idée nouvelle ; la réflexion est close, aucun retournement de situation ne peut y intervenir. Ne terminez pas par une question.
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Dernière modification le : 07/12/2020 @ 12:49
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