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Exemple dissertation 2


 

Un savoir peut-il être inutile ?

Un plan possible :
Modèle dialectique : doxa, paradoxe et thèse.


DOXA

1 - Le savoir doit être soumis à des impératifs pratiques. Pour des raisons qui sont liées à un usage fonctionnel, la doxa a tendance à écarter tout ce qui lui paraît fantaisiste, c’est-à-dire qui ne lui apporte pas un bénéfice immédiat.
Peut-être est-ce un souvenir de cette époque où homo sapiens ne pouvait se permettre le luxe de se concentrer sur autre chose que la survie.
2 – L’opinion commune est défiante à l’égard des tout ce qui est abstrait. L’homme du quotidien, l’homme d’expérience s’oppose au savant théoricien ou au philosophe spéculatif. Pour lui, la réalité est une et indivisible. Elle se prête mal à des réflexions savantes ou complexes. Fidèle au principe d’Ockam, l’opinion commune sait qu’une explication simple est toujours préférable à une construction complexe. Les détails et les nuances lui semblent souvent inutiles.

PARADOXE (limites de la doxa)

1 – L’idée d’utilité ne doit pas être réduite à ce qui a un usage courant, quotidien. Les besoins de l’humanité sont souvent différents de ceux des individus en particulier. D’ailleurs, la doxa elle-même ne saurait définir ce qui est réellement utile à l’homme en général puisqu’elle définit l’utilité selon ses besoins personnels.
En outre, de nombreuses choses sont utiles sans pour autant qu’elles soient indispensables. L’art n’en est-il pas le meilleur exemple ?
2 – On ne peut pas réduire les savoirs à leur utilité pratique.
Voir le texte de Bachelard (n° 206 dans le manuel) La formation de l’esprit scientifique « L’opinion pense mal ; elle ne pense pas ; elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. » Ce que la doxa nomme le savoir n’est souvent qu’une expérience un peu confuse qui ne cherche pas trop à démontrer sa pertinence autrement que par son efficacité. Le « Ça marche » est souvent le seul critère du savoir tel que l’envisage l’opinion commune. Il y a une certaine naïveté dans cette attitude qui pense qu’elle pourrait faire l’économie d’une réflexion théorique. La science fondamentale est nécessaire, même si son utilité n’est pas toujours très visible.

THÈSE

1) L’homme est un être qui se distingue des autres animaux par sa capacité à développer des pensées, de la réflexion, de la culture. Il faut explorer cette dimension. Depuis l’invention de l’outil en pierre jusqu’à la machine informatique la plus sophistiquée, il y a un lien évident : la transmission ininterrompue des savoirs. En transmettant ces savoirs, les différentes générations transmettent aussi leur humanité. La diversité des savoirs transmis traduit la richesse des expériences humaines. Qualifier des savoirs d’inutiles, ne serait-ce pas nier une partie de cette richesse ?
2) Un savoir, ce n’est pas simplement une expérience acquise, c’est un système construit et organisé de connaissances. Il n’existe évidemment pas de savoir spontané. Tout savoir est élaboré dans le but de répondre non seulement à des besoins, mais aussi à des questions fondamentales que se pose l’homme. Même les constructions les plus fausses (le géocentrisme de Ptolémée, par exemple) sont le résultat de recherches, de discussions et de polémiques qui finissent par produire des schémas acceptables pour leur époque. En qualifiant des savoirs d’inutiles, est-ce qu’on ne se prive pas d’explications possibles ou de pistes de réflexion capables de nous guider vers des solutions acceptables ?

CONCLUSION

Faire face à l’inutile, c’est faire face au possible, donc accepter de pouvoir évoluer. On ne saurait mettre d’un côté un savoir réel et de l’autre un savoir parasitaire. Pour ce faire, il faudrait que nous puissions avoir des certitudes telles qu’elles établiraient des vérités une fois pour toutes. Quelle époque historique peut avoir une telle prétention ?