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Amour et chimie


 

Voici ce qui serait la 4e blessure narcissique :
Après l'héliocentrisme de Copernic, la théorie de l'évolution de Darwin et la théorie de l'inconscient de Freud.
Désormais, nos sentiments ne seraient rien d'autre qu'un cocktail chimique .


" La magie de l'amour ? Tout bonnement une série de réactions chimiques hautement prévisibles. Une chimie aux effets intoxicants.
Les poètes et autres artistes malheureux ne sont pas les seuls à s'intéresser aux mystères de l'amour. Les scientifiques examinent depuis longtemps les biomécanismes de l'attirance humaine. Le portrait qu'ils en dégagent est maintenant assez clair : c'est celui d'une... dépendance chimique ! D'abord, avant toute autre région de l'anatomie, c'est entre les deux oreilles que ça se passe. Il s'agit plus particulièrement du système limbique du cerveau, qui est en quelque sorte le siège social de nos plaisirs. Cocktail chimique
Sous le coup d'une rencontre plaisante, ce réseau de neurones situé entre le lobe frontal et le tronc cérébral se met à produire des endorphines, des substances aux effets euphorisants qui rendent les amoureux potentiels gaga de bonheur. Parmi ces endorphines, notons la phénylétilamine (ou PEA) qui, un peu comme des amphétamines, réduit l'appétit et les besoins en sommeil. Bref, un état physique bien connu des amoureux. Le grand cocktail chimique se met en branle [...] : ocytocine, testostérone et œstrogène s'agitent. Le lien chimique avec la sexualité est si évident qu'un traitement hormonal peut annuler les pulsions sexuelles d'un délinquant. On parle alors de « castration chimique».
Les effets euphorisants de ce cocktail chimique sont bien entendu plutôt plaisants et plusieurs chercheurs les associent à un «high» de toxicomane lié à une dépendance. Cet effet spectaculaire est déclenché notamment par un échange de molécules avec le partenaire potentiel, échange qui précède tous les autres.
Mais au bout d'un certain temps, le cerveau s'habitue aux décharges répétées d'endorphines. Ce n'est alors qu'une question de temps, les amours les plus fous deviennent doucement plus sages.
Celui qu'on appelait trois fois par jour rien que pour entendre sa voix nous tape sur les nerfs s'il passe deux jours consécutifs à la maison.
Par contre, s'il y a rupture dans la période la plus forte de dépendance, il y a un sevrage brutal qui peut causer une douleur physique véritable, un peu comme le sevrage d'un toxicomane. L'amour n'est peut-être éternel que lorsqu'il est contrarié. Encore une fois, la biochimie moderne fait miroiter des solutions nouvelles à des problèmes vieux comme le monde. À quand une pilule pour guérir le chagrin d'amour ? Ou mieux encore, une pilule pour rester en amour ?"

MICHEL MARSOLAIS, «L'amour : une toxicomanie prévisible», première parution dans Le journal de Montréal, 9 février 1997













































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